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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/229

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Troisième Électeur. — Et si on empêche les orateurs de l’autre parti de parler à la porte de l’église !

Second Électeur. — Si le Grand-Pierre, du rang double, n’est pas pour nous, je ne crois pas que nous ayons la majorité.

Le Marchand. — Nous aurons certainement une forte majorité ; j’ai cent cinquante débiteurs dans la paroisse, et je vous prie de croire qu’ils ne voteront pas pour notre adversaire.

L’Orateur. — On met bien du temps à apporter la liste. Il faudrait envoyer quelqu’un presser notre petit amoureux.

(Le premier électeur sort.)

En attendant, messieurs, je vous annonce que je parlerai demain, à la porte de l’Église, pendant deux heures au moins. Il faudra retenir les gens qui voudraient s’en aller avant la fin, car c’est la dernière partie de mon discours qui sera la meilleure. Ne manquez pas de m’applaudir souvent ; ça ne fait rien à l’orateur, mais ça stimule les auditeurs à écouter.

Premier Électeur (rentrant avec la liste). — J’ai trouvé notre amoureux à feuilleter un album avec la petite de notre candidat. Il avait oublié la liste, l’élection, notre candidat, et ne s’est pas empressé de s’en souvenir, lorsque j’ai voulu lui rappeler tout cela.

L’Orateur. — J’avais raison de dire que c’était un traître. Il nous a fait perdre un quart-d’heure. Ah ! les hommes pratiques, les hommes d’affaires, comme ils sont rares !

(La séance continue.)