Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/246

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c’était une ovation, à cette différence près, que lorsque Mademoiselle Perret descendait les degrés de la scène, les applaudissements éclataient aux premiers rangs de l’auditoire, et que, quand venait le tour de Mademoiselle Aubé, les applaudissements partaient du fond de la salle. Le Dr. Blandy était le principal champion de la première ; Duport et Martel les bruyants claqueurs de l’autre. On devine quelle secrète gratitude ressentait Madame Perret en voyant le zèle que déployait son jeune voisin pour la cause de sa fille. Deux ou trois fois, elle lui céda l’honneur de la couronner.

En petit marchand qu’il est, le bonhomme Aubé s’était placé un peu en arrière et il fallait que sa fille fendit la foule pour aller le retrouver. Elle se fendait à lui sans se presser et en laissant au public tout le temps d’admirer sa beauté superbe. Les applaudissements l’accompagnaient sur tout le parcours et ne pressaient que lorsqu’elle avait repris sa place dans la foule des élèves. Aubé en était tout intimidé, et c’est en rougissant qu’il posait d’une main mal assurée les couronnes sur le front de Marguerite. Il l’admirait pourtant de tout son cœur et sa joie était pour le moins aussi grande que celle de Madame Perret.

La séance finie, Blandy prit congé de Madame Perret, qui l’invita à passer la soirée chez elle, où quelques amis devaient se réunir aux heureux parents pour célébrer les succès de Caroline ; et il rejoignit ses deux amis Duport et Martel à la sortie.