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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/267

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longtemps cette habitude, un peu pour se dégourdir les jambes appesanties par l’assiduité au bureau, un peu pour laisser reposer son équipage.

La fille l’aimait, la mère le consultait, le père l’admirait.

D’accord unanime, le mariage fut fixé au cinq octobre, et l’on s’occupa des préparatifs de la fête. Le programme fut discuté en famille, remanié, corrigé, augmenté.

M. Perret n’était pas modeste. On lui avait dit si souvent, en sollicitant sa souscription, qu’il était la plus forte tête du commerce et un des caissiers de la patrie, qu’aucun doute ne lui restait plus à cet égard. Il désirait que sa fille fut mariée à dix heures du matin, en grande pompe.

Madame Perret voulait inviter au mariage tous les gens haut placés qu’elle ne fréquentait point et avec lesquels elle souhaitait ardemment de se lier.

Quant à la jeune fille, elle s’occupait du choix des garçons et des filles d’honneur. Le nombre avait été fixé à trois, puis à six, enfin à douze couples. Le problème était de mettre ensemble les gens qui se convenaient le mieux, et de dorer la pilule à ceux qui seraient moins bien accouplés que les autres. Toutes les bonnes petites amies de Mademoiselle Perret voulaient avoir un bon parti comme garçon d’honneur, et jeter, pour elles-mêmes, durant le déjeuner de noces, les bases d’un mariage bien assorti. Il y avait un ou deux malheureux avocats sans clients que l’on se passait à la ronde ; personne n’en voulait. Martel avec ses longs cheveux ne prenait pas.

Mademoiselle Perret songeait bien un peu aussi aux cadeaux qu’elle allait avoir. Elle faisait des calculs ingénieux sur le plus ou moins de générosité des gens, sur l’habitude qu’on leur connaissait de donner beaucoup ou peu, de bien choisir l’objet, ou d’y mettre une maladresse qui en détruisait le prix. Elle allait faire visite à ses aînées récemment mariées pour voir ce qu’elles avaient eu et juger de ce qu’elle pouvait espérer.