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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/34

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LA CHAMBRE LOCALE À VOL D’OISEAU

Dès les premiers jours de la session, il présente ses bills : la Chambre ordonne qu’ils soient imprimés, afin que personne n’en ignore. Les bills imprimés, il en adresse des exemplaires à tous ses électeurs, grands et petits. Le dimanche, on parle de lui dans tous les villages de son comté, à la porte des églises. On se dit : Il paraît qu’il fait de la besogne, notre membre !

Cependant les bills, après avoir obtenu leur seconde lecture, sont renvoyés à des comités d’où ils ne reviennent jamais. À chaque session cela recommence. Le député présente ses projets de loi, les fait imprimer aux frais de l’État, en expédie copie à ses électeurs ; et ils vont expirer dans les comités pour renaître l’année suivante.

Les électeurs s’informent parfois de ce que sont devenus ces bills. Le député a une explication toute prête : c’est l’opposition des membres anglais des townships qui a tout fait manquer. Il avait l’appui de bon nombre de ses collègues ; il était déjà comblé de félicitations par les électeurs des comtés voisins ; tous les jours des membres recevaient de leurs amis des lettres dans lesquelles on disait :

« Surtout, votez pour le bill de M. X. »

La minorité anglaise, jalouse des progrès qu’allait faire la population française, grâce à cette législation intelligente, s’y est opposée de toutes ses forces. Il a bien fallu céder et attendre une session plus favorable.

Si tous les députés ne vont pas à la bibliothèque du Parlement, tous fréquentent la chambre de lecture.

La première chose que fait un journaliste en entrant dans la chambre de lecture, c’est de regarder si quelqu’un lit son journal. Il y a là un moment de vive émotion ou d’amer désappointement. Si, par hasard, (cela n’arrive pas à tous les journaux) deux ou trois personnes sont attroupées autour d’un de vos articles, vous vous éloignez discrètement pour ne pas les gêner. Mais il faut prendre garde, dans votre joie, de