Aller au contenu

Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
LE JOUR DE L’AN

craintes que soulève dans les esprits paisibles le jour redoutable qu’elle a choisi pour faire son entrée en ce monde.

J’ai rencontré hier deux braves gens qui n’étaient point du tout rassurés sur ce point :

« Le jour de l’an un vendredi, disait l’un d’eux en secouant mélancoliquement la tête ; cela ne présage rien de bon. Heureusement au moins que ce n’est pas un 13 !! »


Il vient de mourir à Montréal un brave garçon qui a laissé quelques bons mots pour tout héritage à sa famille. En voici un. Employé à tout faire dans un bureau d’avocats, il écoutait leurs clients, répondait à leurs créanciers, donnait la chasse à leurs débiteurs et assistait pour eux aux funérailles de leurs amis.

Un de ces derniers était en train de faire ses malles pour le convoi qui transporte les voyageurs de ce monde à l’autre. Toujours obligeants, les patrons de ce pauvre X offrirent leurs services pour veiller le malade ; puis, ils se firent remplacer à son chevet par leur infatigable clerc. Celui-ci remplit sa mission en conscience et soigna, avec le dévouement d’un vieil ami, celui dont il faisait si tard la connaissance. Seulement après la troisième veille, exténué de fatigues, et voyant que cela allait recommencer, il alla trouver un de ses patronat lui dit simplement :

« Est-ce que ce pauvre M. Z n’a point d’autre ami que moi ? »