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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/112

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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

descend avec la rapidité de la foudre. Il est sur la tête du dénicheur avant que celui-ci ait eu le temps de redresser sa pique. Heureusement une seconde balle, partie du haut du rocher, casse une aile à l’oiseau.

Jules. — Si l’aigle était manqué… ?

Paul. — Le dénicheur serait perdu. La figure labourée de coups de bec, les yeux arrachés, il roulerait brisé au fond du gouffre. Non, ce n’est pas entreprise sans péril que de dénicher des aiglons.

Jules. — Pour ma part, on ne m’y prendra pas.

Paul. — Après l’aigle, l’autour est le plus grand de nos rapaces diurnes. C’est un magnifique oiseau de la taille du coq, brun en dessus, blanc en dessous avec de nombreuses petites bandes transversales sombres. L’œil est orné d’un sourcil blanc, le bec est d’un noir bleuâtre, les pieds sont jaunes.

L’autour est le fléau des colombiers ; aussi l’appelle-t-on encore le faucon des palombes. Il se choisit un observatoire sur la cime d’un arbre touffu, d’où il épie la bande des pigeons becquetant dans les guérets. Malheur à qui oubliera un moment de se tenir sur ses gardes. L’oiseau rapace fond sur lui d’un vol oblique, presque en rasant le sol ; en moins de rien, le pigeon est saisi et emporté au loin sur quelque roche solitaire, où le ravisseur le plume et le déchire encore tout chaud. Si le fermier manque de vigilance, l’autour ne fait pas moins de ravages dans la basse-cour. À l’apparition seule de l’ombre de l’oiseau, le coq jette le cri d’alarme, les poussins se réfugient à la hâte sous l’aile de leur mère, qui, les plumes hérissées, le regard allumé, en impose quelquefois au ravisseur par sa fière contenance. Si les poulets et les pigeons lui manquent, l’autour guette les jeunes lièvres, les écureuils, les petits oiseaux ; en des temps de disette, il se rabat sur les taupes et les souris. Les montagnes boisées sont sa demeure de prédilection. Il établit son nid sur les chênes et les hêtres les plus élevés. Ses œufs, au nombre de quatre ou cinq, sont légèrement roux ou bleuâtres et tachés de points bruns.

L’épervier commun est à peu près de la grosseur d’une pie. Son plumage rappelle celui de l’autour. Il est cendré-bleuâtre sur le dos, blanc en dessous avec des raies transversales brunes. La gorge et le devant du cou sont roussâtres, la queue est barrée de six à sept bandes obscures. Les pattes sont d’un beau jaune, longues et fines.