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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/145

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

bonds, il plonge, se relève et décrit dans l’air une série d’arcades ondulées.

Il creuse, pour l’établissement de son nid, un trou profond dans les arbres à bois tendre, comme les sapins et les peupliers. Le mâle et la femelle travaillent à grands coups de bec, en se relayant au plus difficile de l’ouvrage, au percement de la partie vive du tronc, jusqu’à ce qu’ils atteignent le centre vermoulu. Les copeaux, la poussière de bois, les éclats cariés, sont rejetés au dehors avec les pieds ; enfin le trou est rendu si oblique et si profond que la lumière du jour ne peut y pénétrer. Les petits sortent du nid bien avant qu’ils sachent voler. On les voit s’exercer autour du tronc natal, apprendre à grimper, circuler en spirale autour du tronc, s’accrocher le dos en bas. Je vous recommande leurs amusantes évolutions si vous avez jamais la bonne fortune d’assister aux ébats d’une jeune famille de pics.

Le pic-épeiche est de la taille d’une grive. Il a sur la nuque une large bande transversale rouge. Le dessus du corps est joliment varié de blanc pur et de noir intense, le dessous est blanc jusqu’au bas-ventre, qui est rouge, ainsi que le croupion. La femelle n’a pas de rouge à la nuque. Sa nourriture est la même que celle du pic-vert. Il frappe contre les arbres des coups plus vifs et plus secs ; si quelque chose lui porte ombrage, il se tient immobile derrière une grosse branche, le regard toujours fixé sur l’objet qui l’inquiète. Son cri est une espèce de grincement enroué : tre, re, re, re, re.

Le pic varié ressemble beaucoup à l’épeiche pour le plumage. Il est un peu moins grand. Il est orné d’une calotte rouge qui lui couvre tout le dessus et le derrière de la tête, tandis que l’épeiche n’a qu’une bande de cette couleur sur la nuque. Le pic varié et l’épeiche habitent l’un et l’autre les grands districts forestiers de la France ; ils vivent du même régime : insectes, larves perforant le bois et fourmis. Tous les deux, par leur costume de velours noir écussonné de blanc, el leur calotte écarlate, méritent de figurer parmi les plus jolis oiseaux de nos pays.

Joignons-y l’épeichette, le plus petit de nos pics. Sa taille est celle d’un moineau, son costume est celui de l’épeiche. Cet oiseau habile presque exclusivement les forêts de sapins de l’Est et des Pyrénées.