Aller au contenu

Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

nichée est misérablement détruite, ne lui apporteront plus rien.

Paul. — C’est ce qui vous trompe. Ils continuent à le nourrir grassement comme si rien ne s’était passé ; ils font des miracles d’activité pour suffire à son robuste appétit ; ils ne se permettent pas un instant de repos afin de trouver de quoi donner à manger à ce bec toujours ouvert et assez large pour engloutir les nourriciers eux-mêmes.

Jules. — La fauvette n’a pas peur de son nourrisson goulu, capable de l’avaler ?

Paul. — Quoique mère de hasard, elle est tout entière aux saintes affections de la maternité. Elle arrive joyeuse, avec une chenille au bout du bec. Le coucou bâille au bord du nid, laid comme un petit monstre. Sans crainte aucune, la fauvette donne la becquée en engageant sa tête dans le gouffre béant. Ce gouffre se referme, avale et bâille encore, demandant autre chose. On accourt le lui chercher.

Jules. — Bonne fauvette, que d’abnégation en faveur de celui qui vient de ravager ton nid !

Paul. — Il faut bien qu’il en soit ainsi, sinon depuis longtemps il n’y aurait plus de coucous au monde pour nous délivrer des processionnaires du chêne.

Jules. — C’est égal, je n’aime pas cet oiseau.


Ici Jules mit la main sur l’œuf du coucou trouvé dans le nid du jardin. « Vous permettez ? fit-il à l’oncle avec un geste. — Je permets, répondit Paul, qui préférait dans son jardin cinq fauvettes sédentaires à un coucou vagabond ; je permets. » — Flac ! voilà l’œuf écrasé contre terre.

XXVI

LES PIES-GRIÈCHES

Paul. — L’imagination populaire s’est complu à renchérir sur les singulières mœurs du coucou : la fable est venue ajouter ses extravagances aux récits, déjà si étranges, de la vérité. Il circule encore aujourd’hui bien des contes au sujet