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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/189

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

perfide glu. Si le morceau est gros, l’oiseau avale à l’instant, en entier, tout en vie ; si le gibier est menu, il attend d’avoir englué un certain nombre d’insectes pour les avaler en masse et n’en faire qu’une bouchée.

Émile. — Il avale les gros stercoraires et les hannetons vivants ?

Paul. — Vous concevez bien que, dans sa chasse précipitée, l’oiseau n’a pas le temps de dépecer les captures. Courir sus à l’insecte avec le bec ouvert, le happer, l’engluer, l’avaler, tout cela se fait au vol, sans un instant d’arrêt. AussitôtEngoulevent.
Engoulevent.
pris, les plus gros coléoptères descendent grouiller vivants au fond de l’estomac.

Émile. — Quand il y en a une douzaine, cela doit faire un singulier remue-ménage dans le ventre de l’oiseau.

Paul. — Plus d’un, à la place de l’engoulevent, aurait la digestion troublée par une poignée de stercoraires et de hannetons gigotant dans l’estomac et titillant ses parois avec leurs rudes jambes éperonnées ; mais j’aime à croire que l’oiseau a le moyen de les immobiliser aussitôt en les asphyxiant de ses sucs digestifs. Puisqu’il fait le métier de se bourrer le jabot de gros coléoptères en vie, il doit connaître la recette pour les empêcher de lui trouer le ventre. Je n’en admire pas moins sa puissance de digestion. Il n’y a rien de tel que la bête pour avoir un estomac que rien ne trouble.

Vu de près, dans l’exercice de ses fonctions, l’engoulevent n’est pas beau. Son crâne plat, son bec dont la fente semble partager la tête en deux, son gosier affreusement bâillant,