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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/85

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

entreprendre un long voyage vers la mer. La horde émigrante, composée de myriades d’individus, trottine en ligne droite à travers tous les obstacles, sans jamais se laisser détourner du but. En cheminant à la file l’un de l’autre, dit Linné, le
Migration des lemmings.
Migration des lemmings.
grand naturaliste de la Suède, ils tracent des sillons rectilignes, parallèles, profonds de deux ou trois doigts et distants l’un de l’autre de plusieurs aunes. Ils dévorent tout ce qui gêne leur passage, les herbes et les racines. Rien ne les détourne de leur route. Un homme se met-il sur leur chemin, ils glissent entre ses jambes. S’ils rencontrent une meule de foin, ils la rongent et passent à travers ; si c’est un rocher, ils le contournent en demi-cercle et reprennent par delà leur direction rectiligne. Un lac se trouve-t-il sur leur route, ils le traversent à la nage, en ligne droite, quelle que soit sa largeur. Un bateau est-il sur leur trajet au milieu des eaux, ils grimpent par-dessus et se rejettent à l’eau de l’autre