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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/9

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

parfaitement compris la distinction fondamentale entre les dents propres à manger du fourrage et les dents propres à manger de la chair.

Jules. — Ces replis sinueux qu’on voit sur la dent du cheval, à quoi servent-ils ? On ne voit rien de pareil sur la dent du loup.

Paul. — J’allais vous en parler. — Si les dents du cheval étaient parfaitement unies en dessus, sans aucune rugosité faisant office de râpe, n’est-il pas vrai qu’en appuyant et frottant l’une contre l’autre, elles pourraient bien écraser le foin comme vous le feriez entre deux pierres lisses, mais sans parvenir à le réduire en menus débris. Les meules d’un moulin,Dent de cheval.
Dent de cheval.
si elles étaient polies comme des tables de marbre, aplatiraient le grain sans en faire de la farine ; elles doivent présenter de nombreuses inégalités, qui saisissent entre elles le blé pendant la rotation de la meule supérieure sur la meule inférieure immobile, et le déchirent violemment. Lorsque, par un travail longtemps continué, ces inégalités sont effacées, les meules ne peuvent plus servir, et il faut les repiquer au marteau. Eh bien, les replis sinueux des dents du cheval sont comparables aux inégalités des meules de moulin ; ils s’élèvent un peu au-dessus de la surface de la dent, ils font légèrement saillie, de manière il constituer une sorte de grossière lime qui fractionne les brins de fourrage quand frotte la dent opposée.

Jules. — Il me semble entrevoir un péril pour l’animal herbivore. Ces replis saillants doivent bientôt s’effacer en