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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/223

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famille, qu’elle porte sur son dos. La part faite à ces promenades maternelles, elle ne me paraît pas quitter son manoir, et le Pompile, ce me semble, a peu de chance de la rencontrer au dehors. Le problème, on le voit, se complique : le chasseur ne peut pénétrer dans le terrier, où il s’exposerait à une mort foudroyante ; et les mœurs sédentaires de l’Aranéide rendent improbable sa rencontre à l’extérieur. Il y a là une énigme qu’il serait curieux de déchiffrer. Tâchons de le faire en observant d’autres chasseurs d’Araignées ; l’analogie nous permettra de conclure.

Bien des fois j’ai épié des Pompiles de toute espèce dans leurs expéditions de chasse, je n’en ai jamais surpris pénétrant dans le logis de l’Araignée, celle-ci présente. Que ce logis soit un entonnoir plongeant son embouchure dans quelque trou de muraille, un vélarium tendu entre des chaumes, une tente imitée de celle de l’Arabe, un étui formé de quelques feuilles rapprochées, une toile avec chambre d’affût, dès que la propriétaire s’y trouve, le Pompile soupçonneux se tient à l’écart. Si la demeure est vacante, c’est autre chose : l’hyménoptère parcourt avec une aisance superbe ces toiles, ces lacs, ces amas de cordages où tant d’autres insectes resteraient empêtrés. Sur lui, les filets de soie semblent ne pas avoir de prise. Que fait-il, explorant ces toiles inoccupées ? Il surveille de là ce qui se passe sur les toiles voisines où l’Aranéide est embusquée. Donc répugnance invincible du Pompile d’aller droit à l’Araignée lorsque celle-ci est chez elle, au milieu de ses traquenards. Et il a cent fois raison. Si la Tarentule connaît la pratique du coup de poignard à la nuque, soudainement mortel, les