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Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/111

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par ses agents. Par qui la saura-t-il ? Par les grâces qui lui sont versées et qu’il sait bien qui sont en lui. Sans doute. Mais jusqu’où ces grâces vont-elles et ne laissent-elles pas quelques points obscurs ? C’est ce qu’il ne sait pas et c’est ce dont il ne peut pas répondre. Il faut donc que le gouvernement, encore que se croyant infaillible, fasse quelque attention aux voix discordantes, mais dont une peut être juste, de l’opinion publique.

Je dis même que l’opinion se trompât-elle tout entière et toujours, il y aurait intérêt à savoir ce qu’elle pense et par conséquent à lui permettre de le dire. Je causais avec un homme partisan d’un coup d’Etat contre le régime actuel et de l’établissement du despotisme : « Plus de régime parlementaire ?

— Non !

— Plus de suffrage universel ?

— Plus de suffrage du tout !

— Oh ! Et, évidemment, plus de liberté de la parole ?

— Si !

— Tiens ! Pourquoi ?

— Mais, pour connaître l’opinion publique ?

— Pourquoi la connaître ?

— Pour ne jamais la suivre !... Mais, pour ne jamais la suivre, il faut encore que je sache quelle elle est. »

A son point de vue, il ne raisonnait pas mal du