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Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/333

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qu’il faut le demander ; mais enfin, comme elle est anticléricale, les gouvernements républicains qui ont succédé aux gouvernements monarchiques ont dit à satiété à la France : « La République, c’est la liberté. Vive la liberté ! Vive la liberté sous toutes ses formes et dans toutes ses applications ! Vivent toutes les libertés ! Vivent les droits de l’homme !… Seulement, prenez garde ! La liberté commencerait par profiter aux cléricaux, et les premiers bénéficiaires de la liberté, ce seraient les cléricaux. Voulez-vous cela ? Non, n’est-ce pas ? Non certes. Alors ajournons la liberté jusqu’au moment où il n’y aura plus de cléricaux. C’est la solution. Vive la liberté ! Mais pour quelques siècles encore la République sera despotique. »

L’anticléricalisme est devenu ainsi un admirable prétexte aux gouvernements les plus passionnés, à les entendre, pour la liberté, pour être tout aussi despotiques que les autres, sinon davantage et avec l’admiration attendrie d’une moitié de la France ; car on disait, car on dit : « Quel bon gouvernement ! Il brûle pour la liberté ; il la respire ; il est fils de 1789 et de 1793 ; il fait afficher les Droits de l’homme ; mais il est si justement effrayé du péril clérical, qu’il fait violence à tous ses sentiments et que, la mort dans l’âme, il est aussi despotique que le Premier Empire. »

Le prétexte servira longtemps ; il est même assez probable qu’il servira toujours.