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Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/384

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POUR QU’ON LISE PLATON

régime aristocratique. Mais dans ce cas, qui fut assez longtemps celui de Rome et qui a été assez longtemps et qui est encore un peu celui de l’Angleterre, le peuple est si sage qu’il mériterait d’être en démocratie.

De sorte que l’aristocratie n’est bonne que là où il est presque inutile qu’elle soit. Elle n’est bonne que là où, si elle n’existait pas, le peuple se gouvernerait à très peu près comme elle gouverne. Elle n’est bonne que là où le peuple, s’il élisait ses chefs, élirait précisément ceux qui le commandent. Elle n’est donc bonne que là où elle est inutile.

Ceci n’est point paradoxal ; cela revient à dire qu’accepter et soutenir est la même chose que nommer et soutenir. L’aristocratie militaire et l’aristocratie ecclésiastique étaient tellement acceptées du peuple français au xviie siècle que c’était exactement comme si elles avaient été nommées par lui, et le régime était excellemment aristocratique parce qu’il était démocratique sans en avoir l’air, en ce sens que la démocratie formellement déclarée et en exercice aurait produit et comme sorti les mêmes chefs.

L’aristocratie n’est donc pas un système, une méthode dont il y ait à se demander s’il faut l’appliquer ici ou là. Elle est un fait qui ne dépend