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Page:Faguet - Pour qu’on lise Platon, Boivin.djvu/405

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POUR QU’ON LISE PLATON

au moins en la personne de ceux qui conserveront son esprit et s’inspireront de sa doctrine, tant que l’idéalisme, même restreint au sens que nous lui donnions plus haut, demeurera, ici ou là, sur la terre. Il ne sera oublié définitivement que lorsque tous les hommes en seront à ne croire qu’à la force et à croire qu’elle est féconde et qu’elle peut fonder quelque chose de durable, et lorsque, en conséquence, les hommes n’agiront jamais et ne voudront jamais agir que selon leur force ou selon leur faiblesse.

Je ne sais pas si ces temps sont proches ; mais je sais qu’ils ne sont jamais arrivés et qu’on peut espérer qu’ils n arriveront jamais, quelques apparences qu’il y ait contre cet espoir. D’ici là, Platon vit dans les consciences de ceux qui croient devoir sacrifier quelque chose d’eux à l’idée. On croyait que Platon était descendant des anciens rois d’Athènes. Or le très sarcastique M. de Gobineau répartissait les hommes de la façon suivante : « les fils de rois, les imbéciles, les drôles, les brutes ». Platon, fils de rois, vivra tant qu’il y aura quelques fils de rois. Il a su être, très précisément, un des aspects du divin. Il est de ceux qui y font croire. Il a été homme de son temps et je suis certain que c’est pour son temps qu’il travaillait ; et il s’est trouvé qu’il a pensé pour toujours. Nul