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la danse macabre


— Pourquoi ne me sort-il du cœur quelque prière ?
C’est que je sens toujours l’air de l’enfer peser.
Un vireux parfum de luxure alourdit l’air :
Quelle horreur inédite encor va se dresser ?

Des fosses fusent de lentes fumées qui dansent
Et prennent forme de femmes de deuil vêtues ;
Elles suivent le corbillard, armée immense,
Toutes semblables ! sanglotant : — Oh, jamais plus,
Oh, jamais plus ! — Et leurs sévères robes noires
Par derrière du haut jusqu’en bas sont fendues,
Et le roulis savant de leur marche fait voir
Que par dessous elles sont infâmement nues.

Voilà sans bruit qu’elles rentrent l’une dans l’autre,
Elles n’en font plus qu’une seule : qui bondit.
Robe arrachée, sur le cercueil, où, nue, se vautre…
Éveillés par l’odeur tous las morts ont suivi ;
Tous se ressemblent ; tous, ô magie sépulcrale.
Ont pris la voix, le masque et tout de don Juan :
Injures, cris d’amour, risées, sanglots et râles…
Elle, elle rit et elle rit, comme un enfant :

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