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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/141

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la danse macabre


Laisse, dût l’univers chavirer, que j’arrête
Ta danse pour la dénombrer, laisse saisir
Ton corps insaisissable !
 Hélas, elle répète :
— Je danse, danse, danse… et s’enfuit dans un rire.

Je pense l’arrêter, je pense l’avoir prise,
La voici dans mes bras, et qui répète encor :
— Je danse ! Et dans un cri de ressorts qui se brisent,
Je vois se disloquer l’imarcessible corps.

C’est plus rien qu’un chaos de rouages inertes.
Squelette de métal étincelant, pendu
Ainsi qu’une araignée en sa toile déserte.
Au centre d’un étoilement de fils tendus.

Eh oui c’est le réseau qui vaguement s’irise
D’une araignée entre ciel et terre oscillant :
La nuit se désagrège, une aigre buée grise
Palpite, telle est l’aube en un frileux printemps.

Ce que j’ai pris pour un froissement métallique
N’est que le frisselis d’un grillon matinal ;
Au centre de la toile une araignée s’applique
À compliquer le tremblotant et lent dédale

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