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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/33

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la danse macabre


 Et moi pendant ce temps,
 Dolente j’attends, dolente.
 Mon doux prince Charmant.

 Vous acquiescerez au tour de pourmenade
 Par le parc aux dédales bleus.
 Dryades ingénues, hésitantes Ménades.
 Qui pressentez d’étranges jeux.
 Vous rentrerez enfin sous l’aube grelottante,
 L’aube grolettante d’hiver
 Qui viendra macérer sous les gazes flottantes
 Vos maigres charmes mal couverts ;
 Vous rentrerez traînant vos pieds endoloris
 Et rêverez baisers, valses, robes, maris.

 Et moi pendant ce temps.
 Dolente j’attends, dolente.
 Mon doux prince Charmant…

Un squelette bardé d’écarlate s’approche,
Ignoble, fastueux, bossu, protubérant.
Bandeau sur l’œil, chamarré d’or, cornu, bancroche
— C’est moi le dit, le din, le dit prince Charmant ! —

Cendrillon continue, et ne voit ni n’entend :

— Et moi je veille aussi, Cendrillon résignée,
 Une noire veillée, ô sœurs,

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