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la danse macabre


— Ô danses des petits enfants jasants et roses,
Ô baisers de l’époux, malheurs à deux soufferts.
Lit nuptial ! ne nous parlez point d’autre chose,
Notre printemps en fleur ignore les hivers !

 Or bondissent sept sorcières :
Le feu jaillit du bas-ventre de la première,
 Qui : — Je suis l’Impudicité. —
L’autre mâchant son propre cœur avec furie.
 Gémit : — Je suis la Jalousie
L’autre joue à la boule avec sa tête et danse
 En chantant : — Je suis Y Inconstance —
L’autre expulse un crapaud de sa bouche édentée,
 Et dit : — Je suis la Satiété
L’autre, à corps de pourceau, qui titube et vomit,
 Grogne : Je suis l’Ivrognerie —
L’autre est écartelée, fendue, liée de cordes.
 Et hurle : — Je suis la Discorde
La dernière, un cadavre, horreur du cimetière.
 Chuchote : Je suis la Misère.

— C’est Mai, le joli Mai, le mois sacré des roses.
Notre printemps en fleur se nargue des hivers ! —

Des vieillards attisant leurs souvenirs éteints :
— Aimez, c est venir Mai, le mois sacré des roses.
 C’est Mai venir, foudroyant de parfums !

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