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la danse macabre


Tout s’efface ; on entend palpiter le silence ;
Le temps goutte à goutte s’écoule et se suspend.
L’angoisse autour de moi rôde ; un brouillard s’avance,
Tourbillon indistinct, obscurément vivant.
Les ombres de partout suintent, lourde trombe
Que de fiévreux remous soulèvent tour à tour :
Voici, vapeur humaine, à flots pressés les ombres
Se bousculer, de tous les dévorés d’amour.

Tel un enfant du doigt fait bondir les atomes
Du rayon de soleil perçant les volets clos,
Tel un chef de ballet noue et dénoue des rondes.
Tel un charmeur ameute un sanhédrin d’oiseaux.
Son caducée au poing les mène un psychopompe,
Berger d’enfer guidant son infernal troupeau.
L’aile des noirs oiseaux flanque sa coiffe étroite
Un réseau métallique investit sa maigreur ;
Il danse, et boîte des deux pieds ; ses flancs miroitent :
Un arc-en-ciel d’écaillé ! emphatique et moqueur.
Il chante, et son caducée d’or bat la mesure :
Quelle voix ! l’ai-je pas entendue tout à l’heure.

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