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la danse macabre


 Que le vainqueur d’hier me venge !
Cet être ! un sot, elle en convient, fétide et laid !
Elle, toute beauté, splendeur, intelligence…
Trop, hélas : t’avilir est ce que tu voulais,
femme, argile impure, incorrigible engeance !…
Oui… pourquoi fus-je tendre et bon, respectueux,
Et sincère, ô niais !… j’eusse été quelque bête.
Tu bondirais pour moi, cœur qui sonnes le creux !
Je ne puis croire encore à tant d’horreur, ma tête
Est le hochet maudit d’un carnaval boueux…
cauchemar, ô vie, mensongère éternelle,
Qu’est doux le grand sommeil, que les chiens sont heureux !

Décrochant son bébé de sa vaste mamelle,
Lolotte dit à son mari : — Surveillez-le,
Je le connais, il va se brûler la cervelle !
— Oh ! qu’éternellement se flétrissent mes yeux !

Un squelette le force à danser avec lui :

— Entre la folie et le crime autre folie,
Et nos chers appétits, dansons, trémoussons-nous,
Houp ! quelle cabriole inepte menons-nous,
Et navrante, pendus pêle-mêle à la vie

Par nos ficelles bleues ! La Mort folâtre — houp-là ! —
S’agriffe aux fils tendus, joue à l’escarpolette

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