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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/102

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diverses espèces de maladies mentales, il nous semble possible de les considérer d’une manière générale, dans les différences communes qu’elles présentent avec la folie paralytique.

On a cru résumer suffisamment la marche physique et morale de cette affection, en la représentant comme essentiellement continue et progressive. On a admis que les symptômes paralytiques, d’abord à peine perceptibles à la langue, augmentaient graduellement et très lentement d’intensité jusqu’au point d’envahir, au bout de deux à trois ans, toujours incomplètement il est vrai, toutes les parties du système musculaire ; on a retrouvé de plus, dans la marche des symptômes psychiques, la même gradation constante et progressive, qui s’étend depuis le délire partiel, qu’on n’a pas craint de décorer du nom de monomanie, jusqu’à l’affaiblissement intellectuel et moral de la démence la plus avancée. Nous avons cherché à montrer précédemment, en nous basant sur nos propres observations et sur celles des auteurs les plus estimés, que cette progression constante et régulière était loin d’être rigoureuse, et qu’il existait fréquemment dans cette affection, non-seulement des rémissions très marquées, mais même de véritables intermittences. Néanmoins, malgré cette variabilité dans les accidents de la maladie, elle reprend toujours son cours interrompu pour aboutir à la paralysie de plus en plus prononcée, à la démence et à la mort. Eh bien ! comme nous l’avons déjà dit, nous croyons pouvoir trouver un caractère distinctif de la marche de cette affection dans l’association de ces deux faits, en apparence contradictoires : d’un côté, progression constante de la maladie dans son ensemble ; et de l’autre, grandes variations dans l’évolution et l’intensité de ces divers symptômes. La marche particulière de cette affection peut donc, selon nous, se résumer dans ces deux mots : elle est progressive, mais très accidentée.

Trois autres faits me semblent également importants à noter comme caractéristiques de la marche de cette maladie, ce sont :

1oLes accès maniaques fréquents, survenant irrégulièrement à diverses périodes de son cours ;

2oLes attaques congestives et convulsives, qui peuvent se produire à toutes les périodes, mais qui surviennent surtout à la fin ;

3oLa durée totale de la maladie, qui, malgré des différences