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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/266

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faut envisager les faits dans leur ensemble, dans leurs caractères communs, dans les lois générales qui président à leur évolution, il faut en un mot procéder pour cette maladie comme on le fait pour toutes celles de la pathologie ordinaire. Nous ne pouvons mieux faire comprendre notre pensée qu’en cherchant un terme de comparaison dans une maladie très fréquente, dont la marche offre les plus grandes analogies avec celle de la paralysie des aliénés, nous voulons parler de la phtisie pulmonaire. Est-il une maladie mieux caractérisée par ses lésions, par l’ensemble de ses symptômes, par sa marche, par sa terminaison constamment funeste, comme par le mode de succession de ses divers symptômes ? Est-il une maladie présentant plus de caractères communs chez tous les individus qui en sont atteints et plus susceptible d’une description uniforme permettant de la reconnaître dans chaque cas particulier ? Et cependant quelle diversité dans sa marche et combien est varié le tableau qu’elle nous offre chez les divers malades qui en sont affectés. Quelquefois elle a une marche si aiguë et si rapide que cette variété a reçu le nom de phtisie galopante ; dans d’autres cas, au contraire, elle a une évolution si lente que des individus condamnés comme phtisiques dans leur jeunesse, ne succombent à cette maladie qu’à un âge avancé. Il est certains phtisiques qui, minés sourdement par leur mal, marchent lentement et d’une manière continue vers la mort, sans présenter ni paroxysmes, ni rémissions notables, pendant tout le cours de leur affection. De même certains aliénés paralytiques sont atteints d’une paralysie, régulièrement progressive et d’une démence qui augmente d’intensité d’une manière insensible, sans offrir ni paroxysmes d’agitation, ni améliorations notables dans les symptômes physiques et moraux. Tel autre phtisique, au contraire, atteint subitement d’hémoptysie est pris rapidement de tous les autres symptômes de la maladie ; sa respiration devient difficile ; il a de la fièvre le soir, des sueurs nocturnes ; il maigrit rapidement ; il expectore des crachats purulents. L’auscultation permet de constater chez lui l’existence d’une caverne qui se forme au sommet du poumon et se vide successivement ; il est, en un mot, dans un paroxysme de la maladie qui semble marcher avec une extrême rapidité vers une terminaison funeste. Eh bien ! peu à peu tous ces symptômes diminuent d’intensité. À la suite d’une médication employée, d’un