Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/344

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Nous avons indiqué tout à l’heure comment le Dr Brown-Séquard, et ceux qui ont adopté sa manière de voir, ont cherché à échapper à cette objection, mais nous pensons qu’ils n’ont pas par là détruit sa valeur.

Notre intention n’est pas de discuter et de combattre successivement les opinions que nous venons d’exposer, sur le mécanisme et l’ordre de succession des symptômes qui constituent les trois périodes de l’attaque épileptique. En opposant les unes aux autres ces explications disparates ; en faisant ressortir les dissidences capitales qui existent entre les auteurs pour l’interprétation des mêmes phénomènes, nous ne nous sommes proposé qu’un seul but. Nous avons voulu démontrer, que la question du siège de l’épilepsie dans la moelle allongée était loin d’être résolue ; que l’interprétation physiologique de l’accès épileptique et du mode de succession de ses divers symptômes était loin de reposer sur des bases solides et définitives, pouvant satisfaire à la fois le physiologiste et le clinicien.

Mais là ne se borne pas la tâche que nous nous sommes imposée. Une dernière considération mérite encore de nous arrêter avant de terminer la revue critique que nous avons entreprise des théories nouvelles de l’épilepsie. En supposant que ces théories aient réussi à rendre compte du mécanisme des accès convulsifs, auraient-elles expliqué par là la production de la maladie épileptique elle-même ? Telle est la question qu’il nous reste maintenant à examiner à la fin de ce travail.

Lorsqu’on étudie attentivement l’ensemble des symptômes dont la réunion constitue l’épilepsie, il est presque impossible, selon nous, de ne pas rapporter au cerveau proprement dit le siège véritable de cette maladie. Soit qu’on envisage le paroxysme convulsif lui-même, soit qu’on fixe son attention sur les symptômes qui le précèdent ou le suivent, ou sur ceux qui existent chez les malades dans l’intervalle des accès, l’intervention nécessaire du cerveau, comme cause principale de tous les phénomènes, s’impose à tous avec évidence.

Quel est en effet le symptôme essentiel, indispensable, de l’épilepsie ? N’est-ce pas la perte de connaissance, beaucoup plus encore que les convulsions ? On cite, il est vrai, quelques faits très rares d’épilepsie incomplète, avec convulsions partielles ou générales, sans perte absolue de connaissance ; mais combien ces faits sont peu