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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/418

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2oIl se fondera sur les caractères physiques et moraux des accès de grand ou de petit mal intellectuel que nous avons décrits, et qui consistent principalement dans le vague et l’obtusion des idées, la production d’impulsions violentes et instantanées, le besoin de marcher sans but, de frapper ou de briser sans motifs, et la confusion extrême des souvenirs après la disparition du délire.

3oEnfin il se basera sur les caractères des actes eux-mêmes accomplis pendant ces accès, caractères que l’on peut résumer en disant que ces actes sont violents, automatiques, instantanés, et non motivés.

C’est en s’appuyant sur cette triple base clinique que le médecin légiste peut trouver dans sa science spéciale les moyens d’éclairer la justice dans les cas d’actes violents commis par des épileptiques.

En procédant ainsi, il sépare du groupe si vague et si mal défini des folies transitoires, folies instantanées ou folies des actes, admises jusqu’à présent dans les traités de médecine légale, une catégorie bien distincte de faits ayant ses caractères particuliers et décrits à l’avance d’après des observations prises dans des conditions où les malades n’avaient aucun intérêt à simuler ou à dissimuler la folie. De cette façon, lorsqu’il est consulté par les magistrats, le médecin n’a plus qu’à appliquer au fait soumis à son examen les données scientifiques qui lui sont fournies par les cas analogues qu’il a préalablement observés.

Sans doute les actes instantanés et non motivés, ainsi que les accès de folie transitoire, peuvent se produire en dehors de l’influence de l’épilepsie.

Nous ne dirons pas, comme l’a fait Trousseau dans la discussion qui a eu lieu à l’Académie de Médecine[1], que lorsqu’on observe des actes de ce genre, on peut affirmer avec certitude que l’on a affaire à un épileptique, alors même que l’on ne constaterait pas les phénomènes physiques de cette affection. Nous pensons que l’acte seul ne peut suffire pour porter un semblable jugement, et qu’il importe de prendre en considération l’ensemble des symptômes de la maladie. Ces actes instantanés et sans motifs peuvent en effet se produire (ainsi que l’a très bien dit Tardieu[2] dans l’idiotisme,

  1. Trousseau, Bull. de l’Acad. de méd.
  2. Tardieu, Bull. de l’Acad. de méd.