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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/431

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mentaires, nous réservant de les comparer et de les discuter plus tard dans la seconde partie de ce travail. Pour établir de l’ordre dans leur exposé, nous commencerons par ceux où la faculté d’écrire est conservée, et nous réserverons pour la fin les observations dans lesquelles les malades ayant perdu la faculté d’écrire, ont cependant conservé la possibilité de lire ou de parler.

Observation XXI. — Lallemand[1] raconte l’observation d’un phtisique de cinquante ans, qui, dans toute la plénitude de son intelligence et toute la liberté des mouvements de la langue, et sans aucune paralysie, avait perdu complètement la parole, à l’exception de quelques mots monosyllabiques, mais qui, autant que le lui permettait son éducation, se faisait bien comprendre par écrit. Après la mort, on trouva la surface du lobe moyen ramollie dans un point limité.

Observation XXII. — Martinet[2] et Bouillaud[3] rapportent le fait d’un homme de cinquante-quatre ans, qui, à la suite d’émotions pénibles, fut atteint de l’infirmité d’employer des mots incompréhensibles ou inexacts, et dont cependant les facultés intellectuelles et musculaires étaient inaltérées. Cet homme répondait par écrit à toutes les questions, mais il ne pouvait pas articuler ce qu’il venait d’écrire, ni lire toute autre chose en général.

Observation XXIII. — En 1862, Trousseau a observé un facteur de la halle, qui ne gardait plus dans la mémoire que quelques mots, et qui cependant conservait une entière lucidité de pensée et la faculté d’écrire correctement tout ce qui lui venait à l’esprit, de faire les calculs les plus compliqués, et de continuer néanmoins son service à la halle.

Trousseau ajoute que Duchenne (de Boulogne) voyait à la même époque, dans son cabinet, une femme qui était dans les mêmes conditions. Elle pouvait aligner ses pensées au moyen de l’écriture, quoiqu’elle fût, comme le facteur, complètement incapable de parler[4].

  1. Lallemand, Lettre sur l’encéphale, t. II, p. 418.
  2. Martinet, Revue médicale.
  3. Bouillaud, ouvrage cité, page 290.
  4. Trousseau, Clinique médicale de l’Hôtel-Dieu, 7e édition ; Paris, 1885.