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Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/86

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de tristesse ou considéré comme une simple bizarrerie de caractère. Il est ordinairement suivi d’une intermittence assez courte pendant laquelle le malade reprend toutes ses occupations, et commence même à manifester une activité exubérante qui ne tarde pas à être suivie de l’explosion, souvent très rapide, de l’agitation et du délire le mieux caractérisé.

4oVariété expansive.

Nous arrivons enfin au mode de début le plus fréquent et le plus connu qui peut ou bien constituer le véritable commencement de la maladie, ou succéder aux variétés précédentes. Le malade, ordinairement actif, orgueilleux, entreprenant, avant sa maladie, comme nous l’avons dit précédemment, ou bien d’un caractère plus calme et plus régulier, manifeste assez rapidement une activité excessive qui se trahit, sous toutes les formes, dans ses actes et dans son langage. Son caractère se modifie ou s’exagère ; il devient plus actif dans sa profession, ou se livre parallèlement à de nouvelles occupations ; il est constamment en mouvement, dort peu, conçoit des projets encore réalisables jusqu’à un certain point et qui ne sont pas décidément absurdes, mais qui sont peu en rapport avec ses habitudes, sa profession ou sa fortune, et qui, dans tous les cas, sont audacieux et téméraires. Il s’abandonne à de nombreux excès alcooliques ou vénériens, et souvent à des actes singuliers et bizarres, quelquefois même dangereux ou criminels ; car c’est surtout dans cette variété que les paralytiques commettent des vols ou d’autres actes justiciables des tribunaux, qui deviennent souvent la cause de leur arrestation, et dont l’imprévoyance ou la singularité trahit d’une manière si remarquable la nature spéciale de leur maladie. Lorsque les malades sont arrivés à cet état de suractivité, conciliable encore jusqu’à un certain point avec la raison, et qui constitue ce qu’on peut appeler la période prodromique, l’explosion du délire caractérisé, évident pour tous, et même de l’agitation, ne tarde pas à survenir, et d’ordinaire très rapidement ; on voit souvent des malades, en proie à cette activité excessive, passer, dans l’espace d’une nuit ou de quelques heures, à l’agitation maniaque ou bien au délire de grandeur le plus multiple et le plus prononcé. C’est dans ces circons-