Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/171

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« Il est, répondit Kaçyapa, un lac très-pur, célèbre même dans le monde des Immortels, d’où un éléphant, la tête en bas, s’efforce d’arracher une tortue, son frère puiné.

» Je vais te raconter entièrement leur inimitié dans une précédente vie : elle eut deux causes ; écoute-les, exposées par moi suivant la vérité. 1353-1354.

» Jadis vécut un maharshi d’un caractère bien irascible, nommé Vibhâvasou ; il avait un frère puiné, grand ascète, appelé Soupratîka. 1355.

» L’éminent anachorète n’avait aucune envie de richesse, la sienne ne faisant qu’une avec celle de son frère ; mais Soupratîka parlait continuellement d’un partage.

» Enfin Vibhâvasou dit à son frère : « On voit beaucoup de frères, qui, par délire, convoitent sans cesse un partage. 1356-1357.

» Puis, une fois terminé le partage de leurs biens, aveuglés par l’intérêt, ils se font un mutuel obstacle. Ensuite, quand on les a vus attachés l’un à part de l’autre avec la chaîne de leurs richesses, l’esprit égaré et n’ayant pour but que leur seul intérêt particulier, des ennemis, revêtus des apparences de l’ami, achèvent de les aliéner. À peine d’autres ont-ils vu l’édifice se séparer, qu’ils se glissent dans les fentes, et la plus complète ruine des frères divisés ne tarde point à suivre. Aussi les sages ne donnent pas d’éloge au partage entre des frères, qui se méfient les uns des autres et ne sont pas attachés au précepte du respect à l’égard de leur aîné. Tu ne peux te contraindre ; et ce que tu veux, c’est moins la richesse que la désunion !

» En punition de quoi, Soupratîka, tu deviendras éléphant. » À cette malédiction, Soupratîka répondit à Vibhâvasou : 1358-1359-1360-1361-1362.