Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/385

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À l’aspect du roi seul dans un lieu désert, Çarmishthâ au gracieux sourire s’avança à sa rencontre, et, joignant ses mains réunies aux tempes, lui tint ce langage : 3407.

« Qui daigne regarder une femme dans le palais de Lunus ou d’Indra, dans ceux de Vishnou, d’Yama et de Varouna, ou dans le tien, fils de Nahousha ? 3408.

» Sire, tu sais que je fus toujours vantée ici pour mon excellent naturel, ma naissance, ma beauté : je t’en supplie, monarque des hommes, que ta faveur m’accorde ce qu’un époux ne refuse pas au temps propice, où je me trouve[1]. 3409.

« Je sais, répondit Yayâti, que tu es douée d’un excellent naturel, que tu es la fille du roi des Daîtyas, que ta beauté est irréprochable. Je n’y vois pas à blâmer aussi gros que la pointe d’une aiguille. 3410.

» Mais, le jour que j’épousai Dévayânî, Ouçanas, le petit-fils de Ravi, m’a dit : « Il ne faut point appeler dans ta couche la fille de Vrishaparvan. » 3411.

« Sire, dit Çarmishthâ, on n’est pas tué pour un mot lancé en forme de plaisanterie, ni au sujet des femmes, ni dans son jour de mariage. Il y a dit-on, cinq péchés de mensonge, qui entraînent, ou la perte de la vie, ou la ruine de toutes les richesses. 3412.

» Le mensonge tue le témoin, qui ne répond pas aux questions du juge ; l’homme, qui dit une chose autrement qu’elle n’est ; celui, qui parle avec fausseté ; le dépositaire, qui nie une chose confiée ; celui enfin, qui, dans la chose d’un seul, assure qu’elle est à deux. » 3413.

  1. Le texte dit sans paraphrase ce que je n’ose traduire ici littéralement : ritoun, menstruam.