Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/473

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» Aussitôt, aveuglés par la démence et la cupidité, ses fils, Gâautama et les autres, environnent leur père avec les bois liés d’un radeau, qu’ils abandonnent à la merci de la Gangâ. 4205.

« A quoi bon, disaient-ils, nourrir ce vieillard aveugle ? » Et, remportant avec eux cette pensée, les méchants de s’en revenir à leur maison. 4206.

» Le brahme aveugle navigua sur le radeau à l’aventure en suivant le fil des ondes, et visita mainte et mainte région. 4207.

» Mais un roi, nommé Bali, le plus vertueux de tous les hommes, qui savent le devoir, étant venu au Gange pour ses ablutions, le vit amené près de lui par le courant des eaux. 4208.

» Bali, âme juste et qui possédait l’héroïsme de la vérité, le recueillit et, quand il eut appris ce qu’il était, le choisit pour en avoir des fils[1]. 4209.

« Vertueux anachorète, lui dit-il, ô toi, qui donnes l’honneur, veuille bien engendrer au sein de mes épouses, à l’accroissement de ma race, des fils versés dans les choses relatives au devoir. » 4210.

» A ces mots : « Oui ! » répondit le resplendissant hermite ; et le monarque alors de lui envoyer Soudéshnâ, son épouse. 4211.

» La reine, sachant qu’il était vieux et aveugle, n’y alla point ; mais elle envoya au vieillard sa sœur-de-lait. 4212.

» Le saint à l’âme juste engendra onze fils, Kâkshîvada

  1. Ici, le poète, oubliant que ce n’est plus Vaîçampâyana, qui parle, mais Bhîshma, à qui Vaîçampâyana a cédé la parole, met par distraction : ô le plus excellent des Bharatides, Nous supprimons ces mots.