Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/576

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» Il se leva et se mit à danser dans une folie d’enfantillage. Quand je vis mon fils, tombé dans un état ridicule, danser, environné de ses jeunes camarades, je sentis ma fermeté d’âme, qui m’abandonnait. « Fi du pauvre Drona qui n’arrive pas à trouver la richesse ! 5187-5188.

» Lui, de qui le fils, ayant soif de lait, a bu de l’eau enfarinée et s’est mis à danser, transporté de joie, en s’écriant : « J’ai bu du lait !… » 5189.

» Dès que je les entendis s’entretenir de cette manière, ma raison s’envola : je me blâmai moi-même, et j’en vins à concevoir de moi les pensées qu’ils en avaient conçues.

» Il y a plus ; je me dis : « Je demeurais avant ce jour délaissé et moqué des brahmes. Faisons désormais une cour assidue, mais innocente, par l’envie d’acquérir aussi des richesses. » 5190-5191.

» Ces réflexions faites, Bhîshma, je pris mon fils bien-aimé et je m’en allai, accompagné de mon épouse, trouver le fils de Somakî, poussé vers lui par le sentiment de notre ancienne amitié. 5192.

» Comme j’avais ouï dire qu’on l’avait sacré : « Mes vœux sont comblés ! » pensai-je. Me rappelant notre ancienne amitié et la parole, qu’il m’avait dite, je m’acheminai, plein de joie, vers mon cher ami, devenu roi. 5193.

» Je m’approchai, seigneur, de mon ancien compagnon Droupada et je lui dis : « Je suis ton ami ; sache, roi puissant, que c’est moi ! 5194.

» Me voici parlant à Droupada comme un ami ! » Mais lui, se moquant de moi, comme si j’avais un visage ridicule, me dit : 5195.

« Ta science est encore imparfaite, brahme ; elle est encore peu faite aux usages, puisque tu me dis si