Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/614

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« Les fils de Pândou sont puissants, et je m’en irrite sans cesse, ô le plus grand des brahmes. Dis-moi les raisons, qui militent pour la paix ou la guerre ; je ne puis en trouver de plus assurées nulle part, Kanika ; je suivrai ton avis, a 5545.

À cette question du monarque, le brahme éminent à l’âme sereine lui répondit avec ce langage incisif, qui mettait devant ses yeux les choses du Traité des rois :

« Écoute, roi sans péché, ce que je vais dire ici ; et, quand tu l’auras entendu, ô le plus vertueux des enfants de Kourou, ne veuille pas t’en indigner contre moi ! 5546-5547.

» Que la verge soit toujours levée, que l’énergie soit toujours visible : que, toujours bien couvert, on regarde ce que les ennemis laissent à nu, et qu’on observe leur côté faible. 5548.

» Que l’ennemi ne voie pas le défaut de ta cuirasse ; attaque l’ennemi par le défaut de la sienne, et mets à l’abri ton côté faible, comme la tortue cache ses membres. 5549.

» Toute chose une fois commencée, que jamais elle ne soit mal exécutée ; car une épine mal coupée enfante une longue douleur. 5550.

» On est loué pour détruire des adversaires malfaisants. Qu’on utilise à propos chaque infortune d’un ennemi pour verser les défaites sur un rival au grand courage et la fuite irrémédiable sur un ennemi aux batailles jusque-là heureuses. Il ne faut d’aucune manière, auguste roi, dédaigner un ennemi, tout faible soit-il : un petit feu brûle un bois entier, de proche en proche. 5551-5652.

» Il faut savoir être aveugle quand le temps exige la cécité. Point de faiblesse au réveil ! Qu’on s’arme d’un arc à la soif insatiable et qu’on dorme le sommeil des gazelles !