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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/128

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LES ÎLES DANS

terre inhospitalière de d’Anticosti qui, pour nous a menti si gracieusement à sa réputation, je songe à ce que l’avenir peut réserver à cette île qui a une longueur de cent vingt-deux milles, une largeur de trente, et une circonférence de deux cent soixante-dix. Privée de ports et entourée d’une redoutable ceinture de récifs, j’ai bien peur que tous les efforts faits pour la coloniser ou la défricher restent infructueux.

Depuis l’instant où elle fut découverte et baptisée par Jacques-Cartier du nom de l’Assomption, l’Anticosti n’a guère changé d’aspect. C’est toujours cette terre que Champlain trouvait « blanchâtre comme les falaises de la côte de Dieppe, » et que le routier de Jean Alphonse de Saintonge nous présente dans son langage poétique, comme étant « assise sur des rochers blancs et d’albâtre, couverte d’arbres jusques au bord de la mer. » Seulement, ces représentants du règne végétal sont en certains endroits tellement rabougris et tellement enchevêtrés les uns dans les autres, qu’on peut marcher des arpents sur leurs cimes métamorphosées en ressorts élastiques.

Quelques-uns ont prétendu que l’île renfermait des richesses minérales. Je ne crois pas qu’il se soit fait quelques travaux en ce sens, depuis le jour où Charlevoix livra à la postérité la désopilante histoire de la première tentative.

— « Il courut un bruit il y a quelques années, assure cet écrivain, qu’on avait découvert à Anticosti une mine d’argent, et faute de mineurs on fit partir de Québec, où j’étais alors, un orfèvre pour en faire l’épreuve ; mais il n’alla pas bien loin. Il s’aperçut bientôt au discours de celui qui avait donné l’avis, que la mine n’exis-