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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/132

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LES ÎLES DANS

ne dépareraient pas l’étal du plus difficile de nos bouchers canadiens, un jour de foire de Pâques.

Jadis, Brion jouissait d’une autre célébrité : c’était là que se réunissaient ces troupeaux de vaches marines qui faisaient naïvement consigner la remarque suivante, dans le livre de loch de Cartier :

— « À l’entour de cette île il y a plusieurs grandes bêtes comme grands bœufs, qui ont deux dents en la bouche comme l’éléphant, et vivent même en la mer. Nous en vîmes une qui donnait sur le rivage. »

Champlain fait la même remarque quelque part ; et longtemps après ces voyageurs, on venait à l’abri des falaises de cette île, se livrer à la chasse productive de l’ivoire. Depuis plus d’un siècle les morses sont disparus du golfe. Ils ont cherché un refuge dans les solitudes arctiques, et à peine d’années en années trouve-t-on sur les rivages du Labrador ou sur les côtes de l’Anticosti une défense ou un crâne de ces mammifères marins, entraînés là par les courants ou par les glaces, pour indiquer au voyageur que le golfe Saint-Laurent a perdu l’une de ses plus précieuses ressources. Pourchassés sans trêve ni merci, comme l’était autrefois la baleine, comme l’est aujourd’hui la morue, le flétan et le loup marin, les vaches marines ont fini par suivre la loi commune des animaux qui doivent s’éteindre, dans un avenir assez rapproché. .

— « C’est ainsi, nous assure M. l’abbé Provancher, que le lion qu’on ne voit plus qu’en Afrique, se trouvait autrefois en Grèce. L’auroch