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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/136

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LES ÎLES DANS

la Madeleine a dû former jadis une masse compacte. Je n’ai pas de peine à les croire ; car l’amiral Bayfield a constaté que Brion est relié à mi-chemin, d’un côté, aux îles de la Madeleine — distance de 10½ milles — par une lisière de roche où la sonde donne quatre brasses ; et que, de l’autre côté, un second banc, qui donne sept brasses la rattache au Rocher-aux-Oiseaux, sis à 10¾ milles. Par un temps bien calme, l’œil distingue sous le flot ces dangereux récifs ; et on peut déduire de là, qu’une tempête doit être terrible dans ces parages, surtout avec une mer qui crève ainsi du fond. Cela n’empêche pas les habitants d’être aussi hardis marins, qu’ils sont habiles agriculteurs. Leur principal débouché est Amherst, une des îles de la Madeleine, et il faut que la brise soit bien carabinée pour les empêcher d’aller échanger sur ce marché, leur poisson, leur foin, leurs bestiaux et leurs denrées.

De frais qu’il était, le vent tomba complètement vers deux heures du matin. Notre longue promenade sur le Brion nous avait donné un sommeil de plomb ; et ce ne fut qu’après bien des efforts réitérés que notre maître d’hôtel parvint à nous faire hisser nos pantalons et carguer nos bonnets de nuit. Avec une mer calme, par un soleil radieux, nous venions d’arriver par le travers du Rocher-aux-Oiseaux. Cinq minutes après, nous grimpions sur le pont ; et un cri d’admiration saluait ce récif étrange, jeté au milieu de la mer pour faire l’effroi des matelots et le bonheur de la gente ailée.

Nous étions rendus au 25 juin. Ce matin-là il y avait 340 ans, que ces rochers avaient été découverts par Jacques-Cartier. Poussé par un