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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/182

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LES ÎLES DANS

fage épuisée, arrivaient les observations générales. Celui-ci désirerait voir inaugurer une meilleure tenure de terre dans les îles ; celui-là aurait aimé que le propriétaire protégeât plus efficacement son locataire : un troisième se plaignait amèrement d’être sans nouvelles depuis le mois de novembre jusqu’au quinze de mai, et plus longtemps encore.

— Si au moins, disait-il en secouant tristement sa pipe, nous avions des communications télégraphiques avec la terre ferme ?

— Bah ! des moulins à farine et des moulins à étoffes sont encore plus nécessaires que ton télégraphe, répliquait dans un coin, un pêcheur, plus positif que ce rêveur. À ta place je m’en contenterais.

— Là belle affaire que tes moulins ! pour les construire il faudrait peut-être se faire taxer, et je m’en tiens à ce que me font payer les commissaires d’écoles un par cent, et quelquefois un et demi.

— Encore si le propriétaire nous montrait l’exemple, et payait comme nous, répliquait le pécheur positif.

— Pas si bête. Evé. Il se tient au courant des nouvelles, et lit ses journaux dans son hôtel de Londres, pendant que pour rencontrer notre taxe municipale, nous donnons nos deux jours de travail sur les chemins publics, ou que nous payons quatre-vingts cents par jour pour chaque chef de famille.

Une fois sur la taxe, les conversations menaçaient d’aller loin, lorsque l’ingénieur, M. Bar-