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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/28

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LES ÎLES DANS

passé, le calme prenait ; et pendant que toutes ces contrariétés fondaient à tire d’aile sur la flotte, le secrétaire Saint-John — plus tard lord Bolingbroke — ne cessait de dépêcher courrier sur courrier à l’amiral pour lui dire que c’était le bon plaisir de Sa Majesté de le voir prendre la mer au plus tôt.

Enfin, à force d’écrire, de donner des ordres, et d’éreinter des courriers, tout devint prêt. Ce fut le 29 avril 1711 à quatre heures du matin que l’amiral Walker quitta son mouillage, par un vent frais est-sud-est, pour continuer cette série de contrariétés, d’hésitations et de malheurs qui devait se terminer le long des falaises de l’Ile-aux-Œufs[1].

Conformément à ses ordres, l’amiral mettait le cap sur Boston, où il était allé 25 ans auparavant, en 1686.

À bord, sur 12,000 hommes d’embarquement, tous — l’amiral et le général exceptés — ignoraient l’objet de l’expédition. À 153 lieues des îles Scilly, Walker avait fait mettre en panne et distribuer à chacun de ses capitaines un pli cacheté, contenant le nom du lieu où l’escadre devait se rallier. Pourtant ces précautions devenaient inutiles : le précieux secret avait été mal gardé.

Le 2 mai, Walker fut forcé par une saute de vent d’ancrer à Plymouth, pendant que ses transports se réfugiaient à Catwater. Un matelot français embarqué sur le Medway, un renégat qui prétendait avoir fait quatre voyages dans la rivière du Canada, entendit dire dans un des caboulots de la ville, qu’une flotte destinée à la conquête de la Nouvelle-France était de passage en ce moment, et se fit offrir à l’amiral

  1. Les frégates avaient pour six mois d’approvisionnements : les transports pour trois mois. — Livre de loch de l’amiral.