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Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art médiéval, 1921.djvu/72

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sur des fonds d’arbres et de fleurs, le modelé des Grecs paraît s’ébaucher çà et là.

Ainsi, éternellement balancée entre son héroïsme et sa sensualité, passant à tout instant et sans transition de l’extrême amour moral à l’extrême ivresse matérielle et de la plus haute aristocratie de culture aux satisfactions d’instinct les plus impulsives, l’âme indienne erre à travers les forêts vivantes des sentiments et des systèmes, à la recherche de la loi. Dans son ensemble, et malgré des oasis d’espoir et de fraîcheur sentimentale, elle est pessimiste et cruelle. Non pas que les hommes de l’Inde aient plus que les autres le besoin d’infliger la douleur ou de donner la mort. Ils sont du vrai limon humain, pétris de faiblesse, cuirassés de fer et d’or, emportés tour à tour vers l’amour ou le meurtre selon que les souffles qu’ils respirent leur apportent l’odeur des arbres, des océans ou des déserts. Dans tous les cas, là comme ailleurs, l’énergie la plus élevée et la matière la plus brute s’épousent à tout instant. On dirait que les manifestations de l’instinct rué de toute sa puissance dans l’immensité de la vie, suscitent infailliblement,