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Page:Fendrich - Les Sports de la neige, 1912.djvu/105

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LE « TELEMARK » ET LE « CHRISTIANIA »

les profanes autant qu’ils ravissent les skieurs expérimentés.

Je vis, il y a quelques années, la première application pratique de ces exercices pendant une excursion.

Un skieur descendait une pente raide juste devant moi, et se dirigeait droit sur une ferme dont le jardin était entouré d’une haie. Derrière elle, un paysan jetait, à la pelle, la neige à l’extérieur. Tout à coup, il vit l’homme qui accourait sur lui. De peur il leva les bras au ciel, comme pour détourner le malheur de lui-même, de la haie du jardin et peut-être aussi du skieur. Au même instant il se passa quelque chose d’inattendu. Celui-ci fit un petit mouvement brusque étonnant, puis se trouva aussitôt comme cloué au sol devant le paysan auquel il demanda poliment son chemin. De ma vie je n’oublierai le sourire aimable du skieur et la mine impayable du paysan.

Les deux désignations « Telemark » et « Christiania » paraissent indiquer que le premier mode d’arrêt provient des paysans du pays norvégien appelé Telemark, l’autre des skieurs de la capitale norvégienne Christiania. Mais il n’en est pas ainsi.

Lorsque les fils des paysans de Telemark stupéfièrent pour la première fois les dilettanti du ski de la ville, par leur adresse, ces arrêts instantanés furent en général appelés, à Christiania surtout, « Telemarking ».

Mais un seul d’entre eux justifie ce nom. On passe avec lui d’une descente rapide et en ligne droite à une position très caractéristique sur le côté et tout à fait différente de l’arrêt classique du ski d’autrefois. On achève une descente par un Telemark tout comme on termine sa signature avec un parafe élégant mais un peu pompeux. C’est pourquoi tout débutant est fier de pouvoir, enfin, esquisser le Telemark.

Le Christiania, par contre, n’est pas, à proprement parler, un virage mais bien plutôt un arrêt brusque. Bien qu’il ne soit pas aussi élégant que le virage de Telemark, il est, par contre, beaucoup plus utile. Si l’on veut reprendre la comparaison avec un parafe, on peut dire qu’il ressemble au trait en forme de coin par lequel des natures pratiques et énergiques terminent souvent leur signature.

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