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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/164

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146 SÉBASTIEN CASTELLION. mode, assavoir de ne lire rien à. ceulx qui ne sont pas encore fondezl que n’exposions ou en latin, ou en francoys, ou en toutes les deux manières, s‘il se peut bonnement faire. Sur la lecture, quand le lieu le requiert, on a de coustume de recueillir, de nommer et bailler à escrire des notables bien brefz et des observa- tions les plus exquises ’ oultre plus de petits exemples et inanieres de parler, tant en latin qu’en francoys, afin que les enfans comprennent la chose plus facilement. Ce passage du prospectus de 1538, S2].llS contester la supré- matie du latin, fait plus large que nul autre document; scolaire Centeniperain ii notre connaissance la part de la langue mater- nelle “. Est—ce ai l’iniluence dc Mathurin Cordier qu’est due cette concession? Il ne nous parait pas possible de le contester, malgré les doutes qu’ont émis à cet égard quelques-uns des juges les plus compétents et les plus favorables ài Cordier ·‘. C’est fort peu sans doute a nos yeux, mais c’etait beaucoup, c’etait trop aux yeux des humanistes contemporains, de mêler l’idiome maternel aux études, de l’employer non plus seule- ment en passant pour traduire un mot (lillS&g€, mais constam- ment, regulierement, de l’écrire dans les cahiers, de l’impri- nier ai côté du latindans les livres de classe, et c’esL ce que Geneve a osé, avant Paris, avant Bordeaux, avant Strasbourg, au moment même ou Sturm écrivait De amissa cllscemll ratione (·l538), pour démontrer qu’il ne suflit pas d`ecrire le latin, qu’il faut arriver et le parler éloquemment. Cette intro- duction du francais, nous allons voir Castellion, ap1·es Cordier, la continuer et l’étendre. Mais, a vrai dire, ce n’est ni au vieux maitre, ni a son jeune successeur que revient à Cet égard la principale part de mérite, c’est ài la situation même de Geneve. Les Colloques de Cordier nous laissent entrevoir en plus d`un endroit le bourgeois de Geneve, peu entliousiasze du latin, impatient de voir son lils passer ai des études plus 1. « Ut rudibus nihil interpretemur » : texte du placard latin imprimé en 1538. —Hcr- minjard, lV, 456. 2. « Brevissimm nnnotntioncs et maxime notnndœ observationes Seligi ac dictnri soient. » . (lbident.) 3, On l"Cl.l'tJll\`(!|'€1 trente uns plus tard la même ivlée dans lc plan d'étudc de Ramus. (Voir en particulier le curieux opuscule de Henri Schor, Specimen et forma legitime lradentli serments, ete., pour l’école de Saverne, et, ii la suite, la lettre du mème Sclinr (1568) de linguarum usa et utililate, avec Féloge de la langue française, (Londini, 1535, in-S. - Bibl. Mazurine.) —i. Massebienu, Colloques scolaires, 99*2. 239, et Schola uquitanica, p. 60.