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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/205

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LA PESTE DE GENÈVE. 187 Immédiatement apres cette décision,4le Conseil revient ai l’examen de la proposition qui lui avait été faite la veille : illinistrc d Phospital`pestilencictl. — Ha esté ordonné qu’il soyt envoyé ung ministre a l’hospital pestilencial, et ha esté député maystre Bas- tian Chastillion, régent de nous cscholes. Toute foys résoluz que il soyt supercedyé (sursis) par ung peult, et cependant Bernard Tallian, quil est dejà a Vhospital, les pourra consoler iceulx que seront ueccessiteulx. Quel était le sens, quel avait pu etre le motif de cette desi- gnation, aussitôt suivie d’ajournement? Évidemment il y a eu quelque hésitation dans le Conseil fr accueillir cette proposition. Le régent s’est offert : il est « tout pret » a suivre le noble exemple de Pierre Blanchet. Mais outre l’inconvénient qu’il y aurait ai fermer le college si l`on acceptait cette offre, ce régent n’est pas ministre ’, il n’est · que candidat au saint ministere; et, s’il va prêcher parfois le dimanche dans un des villages des environs, c’est plutot une conférence religieuse qu’un acte de culte, puisqu’il n’a pas recu la consécration. Ce n’est pas un instituteur, ce serait un prêtre en paps catholique, c’est un véritable ministre en pays protestant que réclame la plus sacrée des fonctions . pastorales, celle qui s`exerce au chevet des mourants. ])’ailleurs pourquoi a—t—on songé a lui? Parce qu’il s`est offert. Mais il s’est offert parce que les ministres titulaires se sont dérobés a l’appel; plusieurs d’entre eux du moins sont accusés d’avoir tenu un propos qui n’a rien, hélas! que d’l1umain. C’est sous l’imp°ression de ce rapprochement que le Conseil pour ne pas laisser l`hôpital sans aumônier, a émis le vote que l’on vient de lire. A travers le laconisme du I procès-verbal, il est facile de deviner que quelqu’un a fait la remarque qu’il faudrait d’abord s`assure1· si les ministres renoneaient décidément et remplir leur office. Qui sait si Calvin lui—même, se rappelant le dévouement de Castellion it Stras- bourg, ne s’est pas fait scrupule de l’accepter une seconde fois? Et comment. ne serait—il pas venu l’esprit de tous que, six mois auparavant, Pier1·e Blanchet avait impunément bravé la contagion, que peut—être il ]]’l1ÉSlt®l`U.ll} pas ât l’af- I. ·· Quoiqu‘on ne le soit pas encore, on peut néanmoins s'ofTrir à consoler les pcstiférés. » (Boyle.) _