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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/216

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198 snimsrinn CASTELLlON· tres une attestation explicite, qu’il put produire au besoin, pour prévenir toute supposition fâcheuse sur les motifs de son i dépai·t. On n’hésita pas ii lui remettre ce certificat, que, bien des années apres, Castellion fut trop heureux de retrouver dans ses papiers '. ·En voici la traduction : _ Sébastien Castalion, qui a dirigé jusqu’à ce jour notre collège, a demandé son congé et l’a obtenu du Conseil. Il avait en effet accepté cette fonction, a la condition expresse qu’il lui serait loisible de la rési- gner, si, après un certain laps de temps, il la trouvait trop peu avanta- geuse et trop lourde. Maintenant, ayant le dessein de se transporter ailleurs, il nous a demandé une attestation sur sa vie passée, et nous n’avons pas cru devoir la lui refuser. Nous attestons donc brièvement que nous l’avions juge tel qu’à l’una- nimité nous le destinions déjà aux fonctions de pasteur, sans un obstacle qui seul s`y est opposé. Comme nous lui demandions, suivant l’usage, s’il était d’accord avec nous sur tous les points de la doctrine, il répondit qu’it y en avait deux sur lesquels il ne pouvait partager notre sentiment: l’un est que nous inscrivons le cantique de Salomon au nombre des livres saints, l`aut.re que nous acceptons dans le catéchisme la descente du Christ aux enfers, comme signifiant ce frisson de conscience qu’il éprouva ` e_n se présentant pour nous devant le tribunal de Dieu pour expier nos péchés par sa mort, en transférant sur lui-même la peine et la male- diction. En ce qui touche ee second point, il ne niait pas que la doctrine que nous professons ne fût pieuse et sainte; toute la question était de savoir si c’était bien la le sens du passage. Nous avons d’abord entrepris de~ l’amener par voie de raisonnement à notre opinion; nous avons réfuté, comme nous l’avons pu, les arguments qu’il nous opposait. N’ayant rien gagné par là, nous avons enfin cherché une autre voie : nous lui avons montré que le Symbole des apôtres ne tend pas à autre cl1ose et n`a pas été composé pour une autre fin que de constituer un résumé bref et simple du christianisme, qui, à la fois, coutînt une saine doctrine et ins- truisît le peuple des choses les plus nécessaires au salut; que, par consé- quent, il devait lui suffire que, d’une part, notre interprétation n’eût rien de contraire à la saine doctrine, et que, d’autre part, elle se prêtàt à. l’édification; qu’en effet nous ne blâmions pas les églises qui admet- taieut une autre interprétation; et que notre seul souci était d’empêcher les inconvénients graves qui naitraient de la diversité des explications. li répondit qu’il ne voulait pas promettre ce qu’il ne pourrait tenir que contre sa conscience. ` Mais notre principal débat a porté sur le Cantique 2. 1. Le texte latin en a été plusieurs fois imprime, d'api·es le manuscrit qui se trouve En la Bibliothèque de Balle, notamment dans les appendices de lu monographie de M. Mmhly et dans les Opp. Calc., Xi, 674-676. Voir Seb. Cnxlellionis zh-/'ensio, p. 354. 2. Cette opinion sur le Cantique dvx Cantiques n‘était pas absolument nouvelle. Une lettre de l'austéi·e Antoine Fumée. conseiller au Parlement de Paris, avait des l'année