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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/249

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Il ne perdit pas courage. Heureusement pour lui, l’autorité de Calvin n’etait pas e11core ce qu’elle fut dix ou quinie ans plus tard. Autour ettout pres de Geneve s’etendaient les - territoires de Berne ou les p1·oscrits politiques, a plus forte raison les victimes de l’autocratie ecclésiastique, trouvaient en général assez bon accueil. Castellion, quittant Geneve dans des conditions si honorables, pouvait plus que personne compter sur ces dispositions bienveillantes de Berne. L’attitude que prennent a son égard les meilleurs amis de Calvin trahit ii la fois de l’estime et de la sympathie pour le proscrit, beaucoup de reserve et un peu d’inquiétude pour Calvin.

Entre les deux Répub1iques, les rapports etaient toujours tendus; les tiraillements, sous d’inlimes prétextes, se renou- velaient, s`eternisaient ‘; les nouvea.utés disciplinaires et dogmatiques de Calvin troublaient la placidité de l`esprit · , bernois, autant que les menées de la remuante cité portaient ombrage aux Magnifiques Seigneurs. Ces froissements entre Bernois et Genevois ont presque disparu de l`l1istoire, qui ne fait revivre du passé que les grandes masses et les resultats définitifs. Pour les contemporains, — leur correspondance le prouve —, chacun de ces conflits était une grave affaire; a chaque reprise de la querelle, Calvin recommence a tout craindre, et ses adversaires a tout espérer.

I

La première pensée de Castellion fut naturellement de retrouver un emploi scolaire dans les territoires de Berne, à Lausanne par exemple, et nous avons déjà vu que Calvin l`y adressait au commencement de cette même année 1544.

Lausanne, grâce et l`intelligente et prompte résolution de LL. EE. de Berne, avait été la première ville de langue française dotée d`un véritable établissement d`instruction

1. Un jésuite presque contemporain y faisait allusion par ce mauvais jeu de mots, qu`il n’uvait peut-être pas inventé :

Dissidium est ingens inter Lernam atque Gehennam : ’ ` · Sie proprium est nrbi nomen utriquc suum.

(Andrea: Frusii, Epigz-anznzam in hazrcticos, Anvers, 1606, in-8, p. H2.)