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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/320

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302 SEBASTIEN cAsTELL10N. On était 011 1554. Il y avait plus de qui11ze a11s que Calvin, adressant it François I" I,I7'LSftf2Ll2.07Z C])7'éÉ1·€?'t7Z€, avait fait, de telle sorte qu’elle ne fùt plus a refaire, l’apologie de la Réforme contre ses persécuteurs. Jamais plus tiere inspiration n’avait mis a11 service de la vérité opprimée une plus austere élo- q11ence. Et pourtant 11i cet appel ni tant d’autres n’avaient été entendus. Et d’un bout et 1’aut1·e du monde chrétien, la seule regle commune ai tous les gouvernen1ents, le seul mot d’o1·d1·e universel, c’est toujours la persécution. Depuis l’apparition de I’Institzm`0n c/z0·ét2`em2e, tous les pays avaient rivalisé d’ardeur dans la poursuite des hérétiques. Apres un instant d’hésitation, l’Église s’était décidée il conlier sa défense au bras séculier et a`l’Inquisition. Et partout ou elle avait le pouvoir civil a sa discrétion, elle avait organisé la répression : par les bûchers comme en Espagne, par le massacre comme (ItI1lS les vallées vaudoises, par les exécutions en masse comme aux Pays-Bas. Mais, il cette date, une question se posait, qui était encore ou qui _ devait paraître do11te11se aux contemporains. Tous ces exemples de traitements sauvages réservés aux pré- tendus hérétiques viennent des États catholiques et sont inspirés par l’Inquisition. Que fe1·a la Réforme il son tour, la ou elle aura triomphe? Sera-t—elle plus clémente? Va-t-elle accepter ou répudier ce legs du catholicisme, s’arroger ou s`interdire le droit d'usei· du glaive? Meme e11 4551, 011 pouvait admettre que Stll‘ ce point délicat la nouvelle Église ne s’était pas encore officiellement prononcée : elle 11’avait pas de procédure arrêtée a l’égard desherétiques. Sans doute il y avait eu déja, en dehors de faits isolés et ohscurs, deux grands actes collectifs de persé- cution sanglante auxquels la Réforme avait pris part; mais de ces deux faits, l'un — l`exterminati0n des anabaptistes — pouvait passer pour u11e guerre sociale plutôt que reli- gieuse, et l'autre — les persécutions de Henri VIII — pour un des actes de démence de ce tyran dont les fantaisies théologiques déguisaient mal les cyniques brutalités. Il était donc encore possible et il était temps de dégager la responsabilité de la Réforme, de lui faire adopter résolument