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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/333

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LES DEUX TRADUCTIONS DE LA BIBLE. 315 dans l’histoire critique des versions du livre saint. A défaut de notre propre jugement, qui serait destitué de toute auto- rité, nous avons la bonne fortune de pouvoir insérer à la tin de ce volume uneétude inédite due a une plume experte entre toutes. M. le pasteur Douen, secrétaire général de la Société biblique de France, apres avoir publié dans la Revue de théologie et ele yo/tllosophle de Lausanne un Coup cl‘œll sur l’/tz'sl0lo·e du texte de la Bible cl’Ol'lvelcm. 4535-7560, a voulu étudier enlin, d’aprés les procédés modernes et d’une maniere approfondie, cette « Bible de Castalion », livre aussi célèbre que peu connu. C'est un travail dont s`étaient dispensés jus- qu'ici les nombreuses générations de critiques qui se'sont bornes it se recopier indéfiniment. M. Douen s’y est appliqué avec la patience du véritable savant, qui entend ne juger que sur pieces, et e’est le résumé de ce travail tout technique qu’il a bien voulu nous autoriser à reproduire ‘. A cette savante monographie, qu`il me soit permis d'ajoutcr sur Castellion hébraïsant, un jugement en quelques lignes, mais elles sont de M. Renan : I Paris, 5 janvier 1857.

 Une étude siir Castiilion est un trèsibeau snjetideitlièse et je nie doute

pas que vous n’y répandiez beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas précisément comme hébraîsant que Castalion est éminent. (Test comme helléniste, comme critique, comme protestant libéral. Il savait l’hébreu, et même très bien. Quelques-unes de ses observations, par exemple sur Ruth, I, 14, sont trés justes et montrent que parfois il dépassait les rabbins. On ne peut cependant le comparer a— Sébastien Munster, a Paul Fage, à Vatable. Le premier, depuis Théodore de Mopsueste, il vit la vraie nature du Cantique des Cantiques et son caractère purement profane. Ses tra—· vaux sur le Nouveau Testament sont, du reste, a plusieurs égards, supé- rieurs a ses travaux sur l’Ancien. On sent un esprit vif, qui soulevait des questions et des solutions que son siècle entrevoyait et peine. Mais, en ce qui concerne la philologie hébraïque, on ne peut pas dire qu’il lui ait fait faire de progrès. Son but principal, vous le savez, est de faire une version cicéronienne, idée assez fausse et qui souvent le force à altérer complètement la couleur de l'original. On peut dire que l’humaniste_chez lui a fait tort au philosophe. Je n’insiste pas sur les cotes respectables de- son caractère et de son role; vous les connaissez mieux que moi etdaprès 1. Voir, ix la ün du présent volume, la dernière pièce de l'Appendice : Fragments d'unc étude inédite sur la Bible hançaise de Castellion. _ _