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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/429

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conctusioiv. 411 choisis parmi les plus éloquents ou les plus vifs *. Mais ces traits pris isolément semblent toujours, malgré tout, des ana- (JiiI‘Ol]lSlii0S de gélliê, (lCS l`€llCOl1t1`OS i'lO\ll‘®l.lS€S Gil l)£tSS£\g`ȧl`CS. Tout autre a été notre but dans ce chapitre, au risque peut- être de l’étendre outre mesure. . _ Nous avons vouluque, dépouillant avec nous ce recueil si substantiel, le lecteur fut obligé de se convaincre par lui- mème et malgré lui qu’il y avait eu en plein XVIU siécle et en plein protestantislne non pas quelque pressentiment de la tolé1·ance, mais une revendication rationnelle et métho- dique de la pleine liberté religieuse. Pour nous excuser de l’avoir retenu si longtemps sur cette démonstration, nous ne lui demandons, en fermant ce volume, que de se souvenir des dispositions ou il était peut—ètre en l’ouvrant. N’est-il pas vrai que de prime abord, il etait porté ai admettre, avec l’opinion régnante, qu’il a bien pu se produire ça et la quel- ques élans d’humanité, de bon sens ou de compassion, que , des voix isolées ont pu ébaucher, sans réussir ii se faire entendre, un timide et mélancolique appel ài la charité? Mais c’était tout. Ne nous avait—il pas répondu d’avance avec Lit- tré : « On ne tirerait pas de tout le xv1° siecle une étincelle de tolérance >>'? A l'10tI‘® tOllI‘ UOUS (i€lD3ll(iOl'1S Hlâllltûllïlllt tt CO i®(Jt0l.lI` impartial s’il ne vient pas de la voir et de Yenteudre, cette tolérance ou plutot cette liberté de conscience, absolument la mème que Bayle et Voltaire réclanieront plus tard, déja réclamée, déja affirmée, exposée dans son principe, justiliée encore a cette date exclusivement celle du premier âge de la Réforme francaise : « Nous Sll7'ï|lO7ll87`07l8 UOSt7’0 Cïultîllë ])(U‘ 7703lI‘C ptlttûîltfû ii. C’est ii ce petit écrit que répondit un des premiers juges dn nouveau tribunal de l’Inquisi- tion, Antoine de Mouchy, surnomme Démoeharès : « lfesponsc ai quelque apologie que les hérétiques ces jours passes ont mis en avant sous ee titre : Apologie ou de/'ence des bons chrestiens ii, \55S(privilège du roi daté du 27janvie1·). On pourrait faire plus d‘uu rapprochement entre les arguments de Démocliares et ceux de Calvin contre Servet. Un des plus simples qui revient sans cesse est celui-ci : On punit bien les homicides; or Pbérétique est plus qu'ho· micide, il l'est comme l'étnit le Diable. que la Bible appelle homicide, quoiqu`il n’ait pas tue 21 la lettre nos premiers parents. Aussi, concluait Democharès, « e'est une grande honte (ii mon grand regret, je le dis) qu’en France où il n'y eutjamais si grand nombre de juges, ou le roi est très chrestien, il n’y ajamais eu autant zl’hërétique.r et moindre punition d’ieeul.z .... Il semble que n’est point péché qu`hérésie .... ii 1. France protestante. 2" édition, 1V, col. 30; M. Jules Bonnet, Nouveaux recits du seizième siècle, p. 101-113; M. Ad. Schretfer, Essai sur l’aveni1· de la tolérance (Paris, 1859, in-S), p. 129-144; M. Broussoux, These de Strasbourg, Séb. Castelllon, sa vic, ses œuvres et sa théologie.