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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/61

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PREMIÈRES ANNÉES DE JEUNESSE. LYON. 43 de tact et de mesure, par le charrue du caractere, 51 l`aide de sympathies conquises et gardées, par le témoignage de garants et d’amis prets, dll besoin, a se porter forts pour lui. Dolet 11e sut ou ne voulut se co11cilier a11cun de ces appuis. llautain, tranchant, il. n’a d`égards pour perso1111e, de mesure en rien; il ne connait pas plus la modération que la modestie; il out1·era souvent sa pensée, il ne la contiendra jamais; « tou- jours attaquant, toujours attaqué », les ruptures, les vides qui se font autour de lui l’t\lg1‘lSSOl1t, l`cxasperent et ne l’assa— gissent point. Étienne Pasquier dit de lui sechement, comme si cela suf~ , lisait it tout expliquer : Gui nullus placuit, 11ulli placuisse necesse est. N’oublions pas d`ailleu1·s l’attitude qu’il avait prise, et qui C d`avance lui était tout appui. A une heu1·e ou la lutte 5,0]]- _ gageait nettement entre les deux esprits, entre l’Église et la Réforme, il fallait, si l`on voulait prendre part ii la mêlée, appartenir ai l’nn des deux camps. Dolet s’y refuse, et il ]'l,€1l ' prétend pas moins intervenir. Il prend parti pou1· les anciens, c’est-a-dire contre les catholiques et contre les protestants. · Il vient cinquante a11s trop tard o11 deux siècles trop tôt : il parle la langue francliement païenne qu`on parlait at Rome impunément sous Léon X et (ltllûll reparlera en France au · temps de Voltaire. Qu’il ait blessé au vif l’un et l’autre parti, c’est l`évidence mème, quoique ses attaques contre eux soient beaucoup moins nombreuses et moins violentes que 11e le ferait suppose1· la violence de leur haine contre lui. ce que les catholiques pensaient de lui, l’événement l’a trop prouvé. Mais les protestants- et c’est leur opinion que rellétera plus tardcelle de Castellion — ne lui so11t pas moins hos- tiles, ils ont même contre lui, it, certains égards, des griefs plus profonds : ils voient en Dolet no11 seulement un inipie, mais le porte-parole de l’in1piété, non pas un athée, mais le champion de l’athéisme. Cette opinion, 11ous la trouvons it Lyon déja accréditée dans le monde que fréquente Castel- lion. Dès 1535, Gilbert Cousin, le secrétaire d`Erasme, recoit