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Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/78

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60 SEBASTIEN CASTELLION· il n’est pas besoin que tous les éléments s’unissent pour la briser : elle ne résistera pas au premie1· choc. Telle devait A être la destinée de la Renaissance religieuse en France. Elle avait des fleurs partout, des racines nulle part. Deux appuis l’ont soutenue pendant les premieres années de François I" : la sympathie du clergé et la protection du · roi. Si l‘un et l’autre, si l’un des deux seulement avait duré, 11ul ne peut dire où se serait arrêtée la Réforme francaise.` Mais après quelques années de tatonnement, nous allons , voir l`illusion pour les uns, le malentendu pour les autres, prendre fin : il ne sera plus permis de compter ni sur les aspirations du clergé national ni sur une secrete connivence du`pouvoir royal. C’est alors qu’il faudra voir ce que devien- dront tant de velléités réformatrices. C’est a ce moment cri- tique que nous attendrons en_ particulier nos lettrés et que nous les jugerons à l’œuvre. . Mais pour comprendre la crise qu’ils vont traverser, il faut commencer par bien établir ce double revirement qui se fait au-dessus d’eux, ce brusque retour en arriere et de la part de l’Église et de la part du roi. Nous n’allons pas tarder à en constater le contre-coup dans cette petite société lettrée que nous essayons d’explorer. Assurément envisager ainsi un des plus grands faits de l’histoire générale sous prétexte d’élucider un point de biographie, c’est manquer au respect des pro- portions; renouvelons-en l’aveu, trop heureux si l’on vou- lait bien nous accorder les circonstances atténuantes en se souvenant qu’a certaines pages, l’histoire seule peut éclairer la biographie : l’une fait lire en gros caracteres ce que l’autre laisse et peine déchiffrer en traits ténus et imperceptibles. II . C’est a l’Église qu’il appartenait de donner le signal. Avant d’imposer un plan de résistance au monde catholique, elle avait dû se l’imposer a elle-même. Pendant les douze ou quinze années qui suivirent le schisme de Luther, ni les papes, ni le sacré college, ni les princes de