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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/114

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En prenant le thé

J’en pris un, – bien roulé, — sans côtes, — pas dur, et d’un blond magnifique.

J’en coupai délicatement le bout avec mon canif, et le présentant à mon oncle : — À mon tour de vous dire : Goûtez-moi cela, lui dis-je.

Il le mit à sa bouche, et je lui présentai la bougie pour l’allumer ; Catherine, les poings sur les hanches, le regardait en-dessous en souriant.

Il était assez maladroit, mon cher oncle Joseph, surlout pour chasser la fumée dehors ; le cou tendu, la vieille servante, à chaque mouvement qu’il faisait pour fumer, imitait de ses lèvres les succions inexpérimentées du doyen ; comme lui, elle creusait ses joues en aspirant, et avançait en avant ses grosses lèvres, comme un enfant qui essaye de siffler.

— Vous trouvez ça bon, mame Catherine ? interrompit mon oncle. Mọi pas : — cette fumée m’arrive dans les yeux, et puis j’en avale la moitié.

La brave fille se mit à rire.

— Buvez un verre de vin d’Espagne, monsieur le doyen ; il ne vous manque que l’habitude, — voyez plutôt monsieur…

— Je ne pouvais me défendre d’un certain sentiment de supériorité en voyant les efforts inouïs et